Madame

Par la Compagnie les Femmes s'inventent


La compagnie les Femmes s'inventent vous convie à leur pièce de Théâtre : Madame ! Une vie avec ses légèreté, ses douleurs, Madame se raconte sans honte. 


Madame a oublié de fermer les fenêtres Et peut-on le reprocher à Madame ? Elle ne peut rien faire contre les rafales de vent qui soulèvent les grands rideaux noirs du plateau. Ce 26 juin, alors qu'elle vient de jouer les trois quarts de la pièce de Rémi de Vos au doux nom de Madame, la lampe de chevet manque de tomber et la scène semble être aspirée. Avec aplomb, face à un public se demandant si la représentation peut se poursuivre dans ces conditions, Madame déclame (hors texte) : « J'ai dû oublier de fermer les fenêtres ». Contre vents et marées, cette dona sans âge mais d'un âge certain nous conte son histoire. Tout commence avec Landru. L'homme aux 283 femmes. Il est son tout premier amour alors qu'elle ne connaît que la solitude campagnarde et qu'elle débarque dans un Paris où elle ne se sent pas moins abandonnée. Madame est mélancolique et retrace en feuilletant quelques photos les grandes lignes d'une vie qui a posé ses jalons au mauvais endroit : une jeunesse pendant la Grande Guerre, un mariage avec un poilu amputé, ses deux garçons fusillés, un amour disparu pendant la deuxième et un fils perdu de vue dans les Aurès durant la guerre d'Algérie. Elle n'en reste pas moins accueillante. Depuis son fauteuil rouge, presque carmin, il émane dans son regard quelques éclats d'un printemps passé et de sa douce voix un argot au léger accent titi parisien des plus délicieux. Peu à peu, la langue verte s'apaise, ou notre oreille s'y habitue, et son visage s'assombrit. Mais Madame ne quitte jamais le navire, ni la scène. Elle fait face contre vents et marées. L'aventurière des bas-fonds parisiens Le plateau de la cour de la Madeleine ceinturé par de grandes tentures de velours apparaît comme une vaste caisse noire dans laquelle la comédienne a pour seule compagnie quelques souvenirs. Il est à se demander si le personnage s'adresse de son vivant ou se trouve dans un entre-deux, un pied dans la boîte à asticots , méditant sur le parcours d'une vie cabossée. Jouée avec l'appui du public, notamment quand Madame tourne les portraits photo vers lui, la pièce épingle des références historiques. Cette vie devient de chair et de sang et cueille notre émotion . Le timbre de voix doux lui conférant de la distinction et une belle retenue, elle projette avec d'autant plus de force toutes ses péripéties. Cette aventurière des bas-fonds parisiens semble parcourir son monde sans jamais flancher. Nous comprenons après cette remarquable performance, à l'image de notre exploratrice, pourquoi la compagnie annécienne Les femmes s'inventent s'est laissée séduire par la beauté singulière du monologue de Madame, malgré le risque d'une telle entreprise. Toutes nos excuses pour le vent, Madame.

Rachel TV

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